L’une des périodes de stress intense pour les parents a démarré il y a quelques jours. Le dernier mois de l’année est là ! En plus du stress lié à la non atteinte des objectifs fous qu’on s’est fixés en début d’année, il y a celui de Noël et sa prétendue magie ! Oui, c’est probablement magique pour tous ceux qui font leur chiffre d’affaires pour l’année, mais pour de nombreux parents c’est très souvent une période de réels cauchemars !

Il faut acheter de nouveaux vêtements aux quatre enfants qui occupent votre maison et les 8 yeux résolument tournés vers vous dans l‘attente joyeuse du moment où ils découvriront leurs nouveaux vêtements. Et comme si on n’avait pas assez de problèmes comme cela, il faut acheter les cadeaux ! Un seul cadeau donnerait un air désuet au sapin, alors il vaudrait mieux en acheter plusieurs pour faire briller le sapin au moins autant que celui de la voisine d’en face !

Depuis de nombreuses années, la machine hollywoodienne s’attèle à nous vendre Noël comme une période magique de l’année où les rues scintillent de lumières, les chansons résonnent dans les magasins, et les sapins habillés de nombreux cadeaux trônent fièrement dans les salons. Mais derrière cette féerie se cache une réalité souvent moins joyeuse : et si Noël n’était, au fond, qu’une belle arnaque ?

 LA GRANDE MACHINE COMMERCIALE DE NOËL

Ø L’omniprésence des publicités : Télévision, radio, affiches, réseaux sociaux… Impossible d’échapper aux publicités de Noël. Leur objectif est clair : nous séduire, jouer sur nos émotions et transformer l’achat en obligation sociale. Le message est clair : « Les câlins et l’attention c’est bien, mais les cadeaux c’est encore mieux ! Si vous aimez vos proches, montrez-le-leur en leur offrant des cadeaux » ! La machine capitaliste, pour nous inciter à consommer, utilise des techniques éprouvées : des scènes de familles idéalisées, des enfants émerveillés, et une musique douce pour stimuler la nostalgie. Résultat : nous achetons souvent plus que nécessaire, motivés par un mélange d’émotions et de culpabilité.

Ø  Les promotions : une illusion bien calculée : Le « Black Friday », le « Cyber Monday » et les « ventes spéciales de Noël » créent un sentiment d’urgence. Pourtant, beaucoup de ces promotions sont en réalité des illusions. Les prix sont souvent augmentés avant d’être soi-disant réduits. Les articles en promotion sont souvent des produits spécifiques, choisis pour écouler des stocks anciens ou moins qualitatifs. Cette stratégie joue sur notre peur de passer à côté de « la bonne affaire », renforçant notre envie d’acheter, même sans réel besoin. J’ai été et je suis encore une victime malheureusement, il faut dire que la stratégie a été bien pensée et elle marche très bien.

Ø  Les jouets et gadgets : une cible de choix : Les enfants sont au cœur de la machine commerciale de Noël. Des campagnes ciblées bombardent les jeunes avec des jouets dernier cri, créant une forte demande autour de certains produits en les rendant « indispensables » (le jouet à la mode que tout le monde doit avoir). Cette pression rejaillit malheureusement sur les parents qui se sentent obligés de suivre la tendance pour ne pas décevoir leurs enfants. Il ne faut pas oublier qu’en amont, durant toute l’année, on leur a servi le fameux discours : « Si tu es sage, le Père Noël te laissera un cadeau sous le sapin. » Ce discours d’apparence anodine est la première étape vers l’abandon de notre autorité parentale et des valeurs que nous souhaitons transmettre à nos enfants. Pour moi ce discours est pareil que celui servi par la communauté chrétienne : « Si tu mens, Dieu va te punir. »

LE POIDS DES TRADITIONS IMPOSÉES

Ø La dictature des cadeaux : Offrir des cadeaux est une tradition au cœur de Noël, mais cela s’accompagne de nombreuses attentes. Il faut trouver le cadeau « parfait », ce qui devient une tâche stressante, surtout quand les goûts ou les besoins des destinataires ne sont pas clairs. Je me souviens les semaines passées à réfléchir, à m’épuiser à faire le tour des magasins pour trouver ces fameux cadeaux. Un vrai calvaire ! Pire encore, quand on se demandait combien dépenser ? Inconsciemment, il y avait cette idée sous-jacente que l’amour ou l’appréciation se mesure à la valeur monétaire d’un cadeau. On avait beau se répéter : « Ce qui compte, c’est l’intention », cela n’empêchait pas pour autant cette voix dans notre tête de crier fort !Et donc la générosité se mue en contrainte, et la joie d’offrir laisse place à une pression sociale. Je suis heureuse d’avoir supprimé cette contrainte de ma vie.

Ø  Une image idéalisée à atteindre : Les médias, les films et les réseaux sociaux projettent une vision parfaite de Noël, une maison impeccablement décorée, une table garnie de plats somptueux, et des moments en famille remplis de rires et d’amour. Mais cette image est rarement réaliste. Elle pousse beaucoup de personnes à ressentir de la frustration ou à se comparer aux autres, créant ainsi un sentiment d’insuffisance. Dans de nombreuses familles au Cameroun, le repas de Noël se résume à cuisiner du riz sauce tomate avec du poulet. Il n’y a pas les moyens de faire plus. Je me souviens de cette première fois où à Noël, notre table à manger avait été sublimée par des mets variés et extrêmement succulents. A l’instant où mes yeux d’enfant se sont posés sur cette table, je vivais le Noël parfait, comme ceux qu’on montrait à la télé. Mais c’est tout ce dont je me souviens, de rien d’autre.

NOËL : UNE OPPORTUNITÉ DE CHANGER ?

Et si on décidait de reprendre le contrôle sur Noël pour en faire une fête plus authentique et moins commerciale ?

Alors, comment sortir de cette machine commerciale ?

  • Prendre du recul : avant d’acheter, posez-vous la question : « Est-ce vraiment nécessaire ? » Lors de mon récent passage sur Balafon TV, les présentateurs m’ont demandé quoi offrir aux enfants pour Noël en dehors des écrans. Je leur ai rappelé qu’il était d’abord important de définir pourquoi on voulait offrir. Dire simplement parce que c’est Noël est à mon sens insuffisant.
  • Privilégier la qualité sur la quantité : un cadeau choisi avec soin vaut mieux qu’une montagne d’objets inutiles. Qu’on soit chrétien ou athée, l’esprit derrière Noël est celui de l’Amour, et l’amour ce n’est pas le nombre de fois que nous disons : « Je t’aime », mais c’est l’intention et la profondeur que nous mettons dans ces mots.
  • Créer plutôt qu’acheter : cadeaux faits maison, décorations recyclées, moments partagés. Le partage est effectivement une des grandes valeurs de Noël. Malheureusement ce partage a été principalement limité à tout ce qui est matériel, au lieu de créer de réels moments de communion en famille et entre-amis.

 

Noël ne devrait pas être une course à la consommation, mais un moment de partage et d’authenticité. Et si nous décidions, cette année, de faire passer l’humain avant le matériel ?

 Repenser les traditions : retrouver du sens

  • Faire des choix alignés sur ses valeurs : Il est possible de respecter certaines traditions tout en les adaptant. Par exemple, offrir moins de cadeaux, mais plus significatifs, ou réduire les grandes réunions à des moments plus intimes. Autour de moi aujourd’hui on le sait, si je dois offrir quelque chose à un enfant c’est un livre. C’est aligné à mes valeurs et à la vision que j’ai pour les enfants.
  • Créer de nouvelles traditions : Plutôt que de suivre aveuglément les coutumes imposées, pourquoi ne pas en créer de nouvelles ? Par exemple :
    • Remplacer le Sapin par des décorations recyclées et faites maison.
    • Organiser un échange de cadeaux plutôt qu’un achat pour tous.
    • Célébrer Noël avec des activités qui rassemblent, comme une excursion culturelle en famille ou simplement une soirée jeux.
  • Recentrer Noël sur l’essentiel : L’esprit de Noël n’est pas dans les choses matérielles ou les traditions rigides, mais dans le partage, l’amour et la générosité. Se concentrer sur ces valeurs permet de vivre les fêtes de manière plus authentique et apaisée.

CONCLUSION

Noël, une arnaque ? Peut-être… mais seulement si nous acceptons de jouer le jeu sans poser de questions. Les traditions de Noël, bien que enrichissantes, peuvent devenir oppressantes si elles sont suivies par obligation plutôt que par choix. En repensant nos habitudes et en osant rompre avec certaines attentes, nous pouvons alléger ce poids et redécouvrir une fête qui nous ressemble vraiment.

Et vous, quelles traditions de Noël vous semblent indispensables, et lesquelles aimeriez-vous revisiter ?

4 réflexions sur “Et Si Noel Était Une Arnaque ?”

  1. TOUMFEUN NDJEUDJI Augustin

    Je pense, en plus de ce que tu as énuméré comme alternative (Nouvelle Tradition), qu’une activité bénévole par une ou deux familles ou plus auprès d un orphelinat par exemple, comme y faire le ménage, repeindre un mur, cuisiner pour eux et manger ensemble, planter des arbres, offrir des livres, etc., nous aiderais, nous et nos enfants, a moins penser à nous, et a donner une autre perception du partage, du donner sans recevoir (si ce n’est le bonheur qu’offre la satisfaction d’une joie donné à l’ autre)

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