Il est 18h30 ce jeudi soir, je suis ravie d’avoir réussi à braver les embouteillages et d’être à la maison avant la tombée de la nuit. C’est un exploit et j’en suis heureuse. J’entre dans la maison avec un grand sourire, je suis heureuse de retrouver ma troupe. Je suis d’ailleurs bien accueillie par celle-ci. Mon cœur est gonflé d’amour, mais surtout de reconnaissance.

Mon petit dernier fait le nécessaire pour avoir toute mon attention. Il sait qu’il est le bébé de la maison, le chouchou de ses sœurs mais surtout le bébé de maman. Alors il lève les bras : « Mama porte moi. Mama, on va dans la chambre, Mama on va laver les mains. Mama on part au salon ». Je le suis avec plaisir, c’est notre petite routine tous les soirs quand je rentre du travail. Mais comme c’est souvent le cas depuis quelques mois, son humeur va changer de façon inattendue !

CHANGEMENT SUBIT D’HUMEUR

Une fois assis au salon dans notre position favorite, c’est-à-dire sur le sol, nous allons partager quelques instants de chatouillements, de jeux et de rire. Puis subitement j’entendrai cette douce petite voix me dire : « mama je veux le lait » ; « Euh, non mon chéri, tu n’as pas encore pris ton repas du soir. Tu sais bien que le lait, tu le prends après avoir mangé noh ? » « Non mama, je veux le lait ». Et là déclenche les pleurs qui iront crescendo à mesure que mon « NON » se fera ferme. S’en suivra une explosion de colère: il va se jeter au sol, se rouler et crier à en perdre ses poumons.

Je sais très bien ce qu’il se passe, je connais toute la théorie. Je sais que j’ai devant moi l’une des nombreuses manifestations du fameux « Terrible Two ». Je comprends très bien ce que fait le cerveau de mon bébé. Il n’en reste pas moins que je suis épuisée. La journée de travail a été longue. Je suis une maman africaine, alors, je suis très tentée d’élever encore plus la voix, de menacer, de prendre même un fouet. C’est ce que j’ai connu, et d’ailleurs, cela a déjà tué qui ? Personne. En apparence en tout cas non. Alors, je devrais peut-être prendre un fouet et régler cette affaire vite fait et on en parlera plus ! Mais hélas je ne peux plus me résoudre à prendre ce fameux fouet, mes différentes formations m’ont permis de mieux comprendre le Terrible Two (Cliquez ici pour en savoir plus là dessus). Comme son nom l’indique c’est une période qui peut être terrible pour les parents, mais encore plus pour les enfants.

PETITE ADOLESCENCE ET EMOTIONS FORTES

Le Terrible Two, aussi appelé la petite adolescence, est une période de transition chez les enfants. Durant cette période, bébé fait face à des émotions qui le submergent complètement. Des émotions qu’il ne comprend pas et qu’il a du mal à gérer. Cette période survient en général entre 18 et 24 mois et peut durer jusqu’à l’âge de 36 mois, voire plus.

Pourquoi la petite adolescence ? Parce que tout comme la période d’adolescence pour laquelle nos souvenirs sont plus récents, le besoin d’affirmation est extrêmement fort chez notre bout de chou. Il prend beaucoup plus conscience du « JE » et réalise qu’il est une personne à part entière. D’ailleurs, ne sait-il pas se tenir debout tout seul comme un grand et courir où bon lui semble ? Bébé estime ainsi qu’il est déjà assez grand pour faire ce que bon lui semble. D’où naît le besoin d’autonomie. Malheureusement les nombreuses restrictions imposées par les adultes font naître de la frustration dont les terribles colères de bébé sont l’une des nombreuses conséquences. Son jeune cerveau étant encore en pleine construction, il lui est presque impossible de comprendre les émotions qu’il ressent et encore moins à les contrôler.

Je regarde mon bébé au sol qui crie de plus belle et au moment où la colère menace de prendre le pas, j’essaye tant bien que mal de m’accrocher à toutes mes connaissances sur le phénomène du Terrible Two. Je réalise à quel point cela doit être difficile pour lui de devoir faire face à toutes ces émotions qu’il ne peut ni nommer, ni contrôler, le pauvre bébé ! Malgré la fatigue, je réussis à avoir de l’empathie pour lui. En effet, durant ces périodes de crises, la science recommande d’éviter d’avoir une attitude condescendante vis-à-vis de l’enfant. Les frustrations et les colères que ressentent bébé sont réelles et il se sent dépassé par toutes ces émotions et les changements qui se jouent en lui. Le parent également ne doit surtout pas penser que son enfant est « mauvais », « têtu » et surtout éviter des adjectifs qui peuvent avoir un impact négatif sur l’estime de soi de l’enfant.

TROIS MAÎTRES-MOTS: ANTICIPATION – ROUTINES – RÈGLES

La vérité est que j’aurais très bien pu éviter cette situation, j’aurais pu essayer de minimiser la violence de la crise, mais je ne l’ai pas fait. Je pensais que c’était gérable. Pourtant je le sais ! À cet âge ils adorent les routines, nos bébés. Cela leur donne un sentiment de contrôle et de sécurité. J’aurais pu prévenir que je rentrerai plus tôt et m’assurer qu’il avait mangé avant que je ne rentre. Le petit gars ne connait pas la notion d’heure ! Tout ce qu’il sait, c’est que quand il voit maman, cela signifie que le lait est pour bientôt. Alors, j’aurais beau crié que ce n’est pas l’heure, lui à sa façon criera en retour : « Si ! Tu es là, donc c’est l’heure ». Quelle beau dialogue de sourds n’est-ce pas ? Une fois que j’ai reconnu ma part de responsabilité dans la situation, la façon dont je l’appréhende et la gère change radicalement. Je me souviens être celle-là même qui a fait un post il y a quelques mois, dans lequel je donnais quelques techniques pour traverser plus sereinement cette période. Ce serait bien que j’applique mes propres conseils n’est-ce pas ?

Alors, je me souviens de mon conseil numéro 3 : « Soyez inspiré ». L’inspiration, ça me connait! J’ai très vite mis ma fatigue de côté et en prenant bien garde de ne pas faire attention à lui, j’ai réussi à détourner l’attention de mon petit gars et on a fini par passer une belle soirée tranquille en famille. Je dois tout de même préciser que pour cette fois, il a fallu faire une concession : donner le lait avant et le repas après. Et si à cet instant, tu te dis : « Bof, il a finalement obtenu gain de cause ! », alors oui tu as sans doute raison. Néanmoins, je pense que quelle que soit la situation difficile à laquelle on doit faire face, qu’elle soit d’ordre familiale, professionnelle ou personnelle, il est essentiel de se demander ce qu’on a appris. Qu’est-ce que la situation nous a apporté comme information précieuse ? Qu’avons-nous appris sur nous-mêmes et sur les autres ? Travailler au quotidien avec les enfants, m’ont encore fait prendre conscience de l’importance de ces trois maitre-mots : L’anticipation, les routines et les règles.

NON, VOUS N’ÊTES PAS UN MAUVAIS PARENT

Il est possible de prévenir certaines crises. Pour ce faire, il est nécessaire de rester très attentif à l’humeur de votre enfant et d’essayer d’éviter les situations susceptibles de provoquer une crise de colère. Les trois maîtres-mots énumérés plus haut peuvent être d’une aide précieuse s’ils sont mis en application avec régularité.

Si vous êtes parents, alors vous savez que les supermarchés sont souvent des terrains propices à la crise. Il est important pour les parents de se souvenir que regarder son enfant se jeter au sol dans la rue ou crier de colère dans le supermarché ne fait pas d’eux de mauvais parents. Vous n’avez pas à avoir honte. Le sentiment qui sera le vôtre à ce moment précis déterminera la façon dont vous réagirez face à votre enfant. Alors NON, vous n’êtes pas un mauvais parent. Soyez patient, ignorez les regards désapprobateurs et concentrez-vous sur votre enfant. Vous le connaissez mieux que tous les donneurs de leçon autour de vous, faites de votre mieux pour lui, tout comme pour vous. Et souvenez-vous : ce n’est qu’une phase.

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