LE BONHEUR SE TROUVE DANS LES MANGUES

Il y a environ 6 semaines, ma fille, Miss A. et moi faisions route vers Yassa pour le club de lecture et d’art oratoire. Après la séance de Makepe, celle de Yassa débutait à 14h. Nous avions encore un peu de temps devant nous, avions déjà parcouru la moitié du chemin et il ne nous restait encore qu’environ 15 minutes de route à faire. Il était 13h et la chaleur ne nous laissait aucun répit en ce début de mois de février. Malgré la climatisation en marche dans la voiture, on ressentait un petit malaise lié au climat ambiant, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Heureusement, la voix de Jocelyne Labille chantant un zouk langoureux nous aidait à oublier la fatigue qui menaçait de nous engloutir totalement. Je conduisais en mimant les paroles lorsque, subitement, un élément indéfini à l’extérieur fit naître une pensée furtive dans mon esprit et que j’éclatai de joie en m’écriant : « Oh  la, la, la! je suis trop contente ».

ÊTRE DANS L’INSTANT, PROFITER DU MOMENT

Ma petite fille et Miss A., assises à l’arrière, eurent un sursaut de surprise et des regards interrogateurs. Elles ne comprenaient pas ce qui venait de se passer. Je n’avais pas reçu un coup de fil, elles n’avaient fait aucun commentaire qui pouvait m’amuser, il n’y avait personne d’autre dans la voiture. Alors, d’où venait cette expression de joie inattendue ? Elles se regardèrent un court instant de nouveau et se tournèrent vers moi, attendant la suite de l’affaire. Je ne dis RIEN et me contenta de continuer de sourire, les yeux remplis de joie. Ma petite fille ne pouvant plus tenir me demanda en s’empressant : « Maman, pourquoi es-tu contente ? Qu’est-ce qui s’est passé ? » Je la regardai un court instant et m’écriai : « je suis trop contente parce que bientôt c’est la saison des mangues ! Yeah ! ». Mon bébé me regarda surprise et me demanda : « Maman, et c’est pour ça que tu es contente ? » et je lui répondis : « Mais oui, bien sûr ma chérie ! Je suis contente parce que je pense à comment je vais sucer les mangues jusqu’à en tomber malade ! J’imagine de belles mangues bien rouges et bien remplies de chair… J’imagine combien je les sucerais jusqu’à ce que le noyau devienne tout blanc. Un pur bonheur! ». Ma petite fille se tourna de nouveau vers miss A et les deux éclatèrent de rire. Je me joins à elles et ris de plus belle. Elles n’en croyaient pas leurs oreilles. Particulièrement parce que mon expression de joie était si forte qu’elles ne comprenaient pas que ce soit SEULEMENT à cause de cela ! Il fallait clarifier les choses : « Miss A, tu sais, le bonheur se trouve dans les petites choses du quotidien. Si tu restes dans l’attente que des choses extraordinaires se passent dans ta vie pour que tu sois heureuse, alors tu passeras probablement la majeure partie de ta vie à être malheureuse. Souviens-toi de cela et fais le choix de te réjouir de chaque petite chose qui te met en joie et soit heureuse, parce que la vie est courte et belle. » Miss A. me répondit avec le sourire : « Oui, c’est vrai. » Et tout ce petit monde dans la voiture continua le trajet avec un petit sourire béat sur le visage. C’était tellement agréable d’être dans l’instant et de profiter du moment. J’étais loin d’imaginer à quel point ce moment sauverait mon après-midi et mon week-end tout entier !

LE BONHEUR EST UN CHOIX

Cinq minutes plus tard, nous étions bloquées dans un embouteillage dont seule la ville de Douala a le secret. Encore une fois, un camion était impliqué. Nous étions sur une petite route à deux voies avec un camion stationné parce que tombé subitement en panne. Et comme dans cette ville tout le monde avait mangé la queue du chien à satiété, Tous les automobilistes étaient pressés de partir et d’arriver au plus vite on ne sait où! Comme on peut se l’imaginer, personne n’était prêt à céder le passage. Une autre grande qualité des habitants de cette ville est leur incivisme légendaire. Nous étions sur une petite route à deux voies, avec un camion stationné. Les voitures étaient alignées sur l’une des voies, quand de petits malins assis dans leurs grosses voitures eurent l’idée géniale de créer une seconde ligne bloquant ainsi la descente des voitures qui venaient dans le sens opposé. C’était un Meli-Melo sans nom. Il n’y avait qu’un miracle pour me sortir de là, et l’heure de la prochaine séance avançait à grand pas, je n’avais plus beaucoup de temps et je ne voyais pas comment me sortir de là. 

C’était une situation énervante à souhait et stressante pour quelqu’un qui avait un RDV. Mais je restais zen. Je réussissais même à rire de l’ingéniosité malsaine de certains de ces automobilistes. Le bonheur éprouvé et exprimé quelques minutes plus tôt était mon rempart. Impossible de me le voler. J’avais juste la conviction que tout finirait bien. Et c’est ce qui arriva. Des agents de la police sont intervenus, la situation a été réglée. Je suis certes arrivée avec quelques minutes de retard à ma prochaine séance, mais j’étais victorieuse ! J’avais réussi à préserver ma bonne humeur et ma joie de voir bientôt les mangues remplir les marchés de Douala !

Ces dernières années, j’ai découvert que le bonheur est un choix. Alors chaque jour je fais le choix du partage, de la joie et de la bonne humeur. J’ai fait le choix du bonheur et je n’ai jamais été aussi heureuse qu’à cet instant précis.

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