
La parentalité est une aventure aussi enrichissante que déstabilisante. Chaque parent fait face à des défis uniques, et bien souvent, ces défis peuvent donner le sentiment d’être isolé ou dépassé. Pourtant, dans cette période de doutes et d’apprentissage permanent, la sororité – cette solidarité entre femmes – peut jouer un rôle décisif.
Il y a environ 10 ans, je passais par une phase compliquée avec ma petite princesse qui est aujourd’hui ma complice ! Et puis un jour, une amie est venue en visite chez moi et a tout de suite remarqué les difficultés et m’a prodigué de précieux conseils qui m’ont grandement aidée à sortir de cette période compliquée. Je me souviens qu’elle avait établi les faits et avait parlé avec bienveillance tout en m’encourageant à faire ce qu’il faut. Je l’avais écoutée attentivement et n’ai pas hésité à mettre en application tous ses conseils.
En vérité, ce n’est jamais agréable de recevoir des reproches ou réflexions négatives sur notre enfant. Nous, mamans, avons parfois tendance à le prendre comme une attaque personnelle, parce qu’on fond, ce que nous ressentons c’est un sentiment d’échec. Alors nos réactions sont parfois agressives et disproportionnées. Combien sommes-nous à avoir sorti la fameuse phrase : « Tu dis ça parce que tu n’as pas d’enfant ». Mon amie qui m’avait prodigué de précieux conseils n’avait pas d’enfant. Combien sommes-nous à avoir poussé le vice assez loin en déclarant : « Accouche aussi ta part d’enfant » ? Je sais que pour la plupart parmi nous, cette phrase est aussi douloureuse pour celle qui l’entend que pour celle qui la dit. Mais alors, comment nous débarrasser de notre égo ?
POURQUOI LA SORORITÉ EST-ELLE ESSENTIELLE DANS LA PARENTALITÉ ?
La sororité dans la parentalité, définie comme le soutien mutuel entre mères, est un élément essentiel pour naviguer dans les défis de l’éducation des enfants. Des recherches scientifiques récentes mettent en lumière les bénéfices concrets de ce soutien entre femmes.
Une étude menée par Agata M. Urbanowicz et Rebecca Shankland a évalué l’impact du programme « Vivre et Grandir ensemble« , un cycle d’ateliers destinés aux parents. Les résultats ont montré que les participants, majoritairement des mères, ont ressenti une augmentation de leur sentiment de compétence parentale et ont adopté davantage de pratiques parentales positives. Ces ateliers favorisent le partage d’expériences et le soutien mutuel, illustrant ainsi l’importance de la sororité dans le renforcement des compétences parentales.
Personnellement j’aime bien écouter les conseils que les uns et les autres peuvent me prodiguer sur la façon d’améliorer l’éducation des enfants et notre vie de famille. Dès lors que ces conseils sont alignés avec mes valeurs et la vision que j’ai pour ma famille, je les mets en application très vite ! Nous sommes parfois si plongés dans notre routine qu’il arrive que la vue d’ensemble nous échappe complètement. Avoir cette sœur, cette amie ou cette maman à côté qui nous ramène à l’essentiel est pour moi une grâce que je chéris tous les jours. Être à l’écoute des femmes autour de nous va nous permettre de :
- Briser l’isolement : dans notre nouveau monde, beaucoup de mères, en particulier celles avec des nourrissons ou des jeunes enfants, ressentent un isolement social. Les réseaux de sororité permettent de créer des espaces où les mères peuvent partager leurs joies et leurs doutes sans crainte d’être jugées.
- Partage des connaissances et des outils : Nos chères mamans ont tout oublié et ne sont plus de réelles ressources pour avoir de précieux astuces. Les jeunes mamans doivent elles-mêmes trouver des stratégies et des astuces en naviguant dans les complexités de la parentalité. Le partage de ces expériences peut éviter à d’autres de se sentir perdues ou de commettre les mêmes erreurs.
- Renforcer la confiance en soi : La parentalité peut ébranler la confiance en soi, en particulier lorsque l’on se compare aux autres ou face aux pressions sociales. On ne réalise pas à quel point les phrases telles que : « Tu ne sais pas mettre l’enfant-là sur le sein ! Pourquoi tu le couches comme ça, tu veux qu’il s’étouffe !? Ekieehh, il ne sait pas encore s’asseoir, sûr que tu le portes trop ! etc… » peuvent mettre en mal notre confiance en notre capacité à être une bonne mère. Les mots d’encouragement, les témoignages d’échecs surmontés et les réussites partagées au sein d’une communauté de sororité aident à renforcer l’estime de soi.
4. Créer un modèle pour les enfants : Lorsque les enfants voient leurs mères s’entraider et valoriser la solidarité, ils apprennent à cultiver ces mêmes valeurs dans leurs relations. Notre société a longtemps opposé les femmes les unes aux autres. J’aime collaborer et travailler avec d’autres femmes parce que je souhaite que mes filles sachent qu’entre femmes, il est possible de s’unir et de créer de belles choses ensemble.
LES OBSTACLES À LA SORORITÉ PARENTALE
Vous vous souvenez de ce petit pincement ressenti lorsqu’on vous fait une remarque sur votre enfant ? Ou alors ce désir non-répressif d’échapper à la conversation, de fuir ce moment et se réfugier dans cette autre zone qui nous semble si confortable ? Cette zone dans laquelle nous sommes les meilleurs parents du monde ayant tout sous contrôle. Eh bien ce sentiment, je pense que tous les parents ou presque l’ont ressenti à un moment ou à un autre. Parfois, un conseil, même s’il est formulé de la plus belle des manières, est perçu comme un reproche simplement parce qu’il met en lumière notre peur la plus profonde, celle qui habite tous les parents : « échouer dans l’éducation de nos enfants ». Cette peur, nous la traînons tous les jours de notre vie : « Est-ce que je fais ce qu’il faut ? Que dois-je faire d’autre ? Et s’il ne… Et si on le… » Cette peur est parfois si forte qu’elle nous empêche de voir combien l’autre peut être une bénédiction pour nous et notre famille.
Vous souvenez-vous aussi de cette fois où vous avez dit l’air de rien à votre voisine qui a accouché un peu avant vous : « Eh ! Mbappe marche déjà hein… Il attend maintenant que son ami vienne le rejoindre ». Très souvent de façon consciente ou inconsciente, nous mettons nos enfants en compétition : « Elle est la meilleure lectrice de sa classe ! Il est le buteur de son équipe et il court vite ! Elle est grande, elle dépasse tous ses amis en taille ! etc… » Autant nous ressentons les échecs de nos enfants comme nos propres échecs. Autant nous nous approprions leurs victoires. Ces comparaisons toxiques sont de réelles entraves au soutien que nous pouvons nous apporter les unes les autres. Un vrai gâchis !
Vous souvenez-vous aussi de cette voisine qui autorise ses filles à inviter ses camarades garçons à la maison alors que vous pensez que c’est totalement inadmissible ? Parfois, des différences de parcours ou de vision de l’éducation peuvent compliquer l’instauration d’une solidarité entre mères. Nous avons cette facilité à mettre l’autre dans une case et l’y enfermer avec la certitude que nous sommes bien meilleurs et n’avons rien à apprendre d’elle. Ces jugements mutuels sont également de véritables obstacles à notre ouverture à l’autre et à la possibilité de grandir. Souvenez-vous, l’une des lois du Kybalion, notamment la loi de la Polarité, stipule que : « … Toutes les vérités ne sont que des demi-vérités … ». Parfois il faut avoir le courage d’aller au-delà de ce qu’on voit pour découvrir le trésor caché.
CONCLUSION
Dans un monde où les femmes sont souvent confrontées à des injonctions contradictoires sur leur rôle de mères, la sororité peut être un outil puissant pour transformer la société. En se soutenant mutuellement, les mères peuvent réclamer une parentalité plus bienveillante, libérée des jugements et en phase avec leurs valeurs profondes. Comment encourager la sororité dans la parentalité ?
- Pratiquer l’écoute active: Parfois, offrir une écoute sans jugement à une autre mère peut être le plus grand acte de sororité.
- Valoriser la diversité des parcours: Chaque chemin parental est unique. Respecter et apprendre des différences renforce le lien entre les mères.
- Rejoindre ou créer des groupes de soutien Qu’il s’agisse de cercles locaux, de clubs de lecture pour enfants ou de foras en ligne, ces espaces offrent des opportunités de connexion et de partage.
En fin de compte, la parentalité n’est pas une compétition, mais un voyage collectif. Et dans ce voyage, la sororité agit comme une boussole, guidant les mères vers plus de connexion, de compassion et de réussite partagée.