
La peur, ce sentiment qui nous fait frissonner, ressentir une boule au ventre, ou même parfois une paralysie de l’esprit, est une compagne fidèle. Bien qu’on la redoute souvent, elle fait partie intégrante de notre existence. À première vue, la peur semble être une ennemie à combattre, un obstacle à surmonter. Mais si nous prenons un instant pour réfléchir à cette relation complexe avec elle, nous pourrions découvrir que la peur, loin d’être un ennemi, est aussi un ami – un ami qu’on aime détester.
Il est essentiel de comprendre que la peur ne naît pas dans un vide. Elle est ancrée dans notre instinct de survie. Dès que nous faisons face à une situation perçue comme dangereuse ou menaçante, la peur se déclenche pour nous protéger. Elle agit comme un signal d’alarme, nous poussant à prendre des décisions rapides : fuir, nous défendre, ou nous préparer à un combat. C’est donc une réponse biologique fondamentale qui nous aide à éviter le danger et à préserver notre bien-être.
En ce sens, la peur devient un allié dans la gestion de notre sécurité physique. Elle nous avertit d’un danger imminent, et parfois, elle nous sauve la vie. Mais, comme tout « ami » qui se veut protecteur, elle peut devenir envahissante. Ce qui était autrefois une protection peut se transformer en une prison mentale si elle prend trop de place.
LA PEUR ET SON ORIGINE : LE ROLE FONDAMENTAL DE L’ENFANCE DANS LA FORMATION DE NOS PEURS
La peur, en tant qu’émotion fondamentale, prend ses racines dans des mécanismes biologiques et cognitifs complexes. Bien que certaines peurs soient de nature universelle, d’autres se forment au fil du temps, souvent influencées par les expériences vécues, en particulier durant l’enfance. Nos premières interactions avec le monde, notre environnement familial et social, ainsi que les événements marquants de notre jeune âge jouent un rôle crucial dans la formation des peurs qui nous accompagnent tout au long de la vie.
En tant que parents, notre rôle est déterminant dans la formation des peurs chez les enfants, à la fois par nos comportements directs et par les messages que nous véhiculons. Les enfants, on ne le répètera jamais assez, apprennent en nous observant et en nous imitant. Si un parent exprime de la peur de manière visible dans des situations précises (par exemple, avoir peur des serpents, de l’obscurité, ou de prendre des risques), l’enfant peut adopter une peur similaire par imitation, même sans avoir vécu une expérience directe liée à cet objet ou événement.
Pour moi, cela a été la peur des serpents. Ayant été éduquée dans une famille chrétienne, le serpent a toujours été pointé du doigt comme le démon qui est la cause de tous les défis que nous vivons aujourd’hui. A cela s’est ajouté le film populaire Anaconda, ce serpent qui semait la terreur et tuait en masse. D’ailleurs, je ne compte plus le nombre de cauchemars que j’ai faits dans mon enfance avec les serpents comme personnages principaux. Aujourd’hui encore cette peur des serpents reste très profondément ancrée en moi.
LES EXPERIENCES DE PEUR DANS L’ENFANCE ET LA HONTE QUI EN DECOULE
La peur et la honte sont deux émotions distinctes sur le plan psychologique, mais elles sont souvent liées dans des contextes de vulnérabilité. La peur est une réponse face à une menace, réelle ou perçue, tandis que la honte est une réponse liée à la perception négative de soi-même en raison de ses actions, de ses erreurs ou de ses comportements.
Nous avons malheureusement grandi dans un environnement dans lequel le sentiment de peur a souvent été moqué et pointé du doigt comme étant l’apanage des faibles. Enfants, nous sommes nombreux à avoir été moqués dans la cour de récréation parce qu’on refusait de participer à des jeux que notre cerveau percevait comme dangereux. Trop souvent, ces moqueries commençaient déjà dans le cadre familial avec les frères et sœurs et parfois même avec les parents.
Si un enfant est moqué ou puni pour avoir exprimé ses peurs, cela peut entraîner une association entre la peur et la honte. Plutôt que de comprendre que la peur est une émotion naturelle, l’enfant peut internaliser le message que ressentir de la peur est un signe de faiblesse ou d’incapacité. Cela peut affecter son développement émotionnel et la manière dont il gère ses peurs à l’âge adulte, entraînant des sentiments de honte face à ses émotions.
De façon inconsciente nous répétons ces schémas reçus dans notre enfance avec nos propres enfants. Aujourd’hui il est essentiel pour nous, parents, de rappeler à nos enfants combien la peur est importante pour leur survie et leur bien-être. Il est important de leur montrer quelles attitudes adopter face à la peur, quand faut-il fuir, et quand est-il nécessaire de rester et de se battre. Il est fondamental de leur apprendre à s’autoriser à être vulnérable, à aimer et à embrasser leur peur, comme cet ami qui parfois nous surprotège, cet ami à qui ils peuvent dire : « Eh ! je sais que tu es inquiet, mais rassure-toi, tout ira bien. Je gère. »
Lors de mon récent voyage au Bénin, j’ai eu le plaisir de visiter la case des pythons. Moi, la femme qui a une peur bleue des serpents, j’ai eu la force de surmonter ma peur pour aller jusqu’à porter un serpent et le mettre sur mon coup. Certains se sont moqués de ma peur, mais moi j’étais fière d’avoir eu le courage d’aller au-delà de cette peur.
LIBERER LA PEUR DE LA HONTE : LE CHEMIN VERS L’ACCEPTATION DE SOI
Pour surmonter la relation entre la peur et la honte, il est crucial de comprendre que les deux émotions sont naturelles et qu’elles font partie intégrante de l’expérience humaine. Plutôt que de se juger négativement pour ressentir de la peur ou de la honte, il est essentiel d’adopter une attitude d’auto-compassion et de reconnaître que ces émotions ne définissent pas notre valeur en tant qu’individu.
Trop souvent nous nous enchaînons et nous faisons prisonniers de notre propre existence, parce que nous avons peur. Nous nous inquiétons souvent de la manière dont les autres nous perçoivent. Cette peur du regard extérieur, qui trouve ses racines dans la crainte du rejet ou de l’échec, peut rapidement se transformer en honte si nous avons l’impression de ne pas être à la hauteur des attentes sociales. Les attentes sociales sont si nombreuses et sont à l’origine de l’anxiété sociale. Cette anxiété est alimentée par un sentiment de vulnérabilité et la croyance que tout faux pas, aussi insignifiant soit-il, entraînera une humiliation ou une dévalorisation publique.
Nous parents, devons aujourd’hui apprendre à identifier nos peurs, à les analyser et surtout à trouver les moyens de nous en libérer. C’est triste de rencontrer tant d’enfants de nos jours, qui souffrent d’un mal être profond et qui ont une faible estime de soi. Ces sentiments prennent très souvent leurs origines dans la cellule familiale. Nous avons la responsabilité de construire des individus qui soient meilleurs que nous ne l’avons été. Alors, libérons-nous de la honte et embrassons nos peurs.
CONCLUSION
Les peurs qui se forment au cours de l’enfance sont le fruit de multiples facteurs : l’évolution biologique de l’être humain, les interactions avec les parents, les expériences vécues, et la manière dont l’enfant perçoit le monde autour de lui. Ces peurs peuvent être naturelles et nécessaires pour la survie, mais elles peuvent également devenir maladaptatives si elles ne sont pas gérées de manière appropriée.
La peur est un ami complexe, celui qu’on aime détester, mais qui nous pousse à nous interroger, à grandir et à nous transformer. Bien que ses manifestations puissent être inconfortables, elle nous offre aussi l’opportunité de faire face à nos limites et de les dépasser. Notre défi n’est donc pas d’éliminer la peur de notre vie, mais d’en faire une alliée, de la comprendre et d’utiliser son énergie pour avancer.
Ainsi, la peur, loin d’être un ennemi à abattre, devient une compagne avec laquelle il faut apprendre à vivre, en acceptant ses leçons, tout en réévaluant sans cesse la manière dont elle nous influence. Car au fond, tout comme un ami parfois un peu difficile, la peur ne cherche qu’à nous protéger et nous pousser à être meilleur.
waouh grâce à la lecture de ce matin je crois pouvoir dorénavant vaincre ma peur et pour affronter les obstacles
Oh! Je suis ravie que l’article puisse t’être utile. Merci pour ton retour☺️🙏🏾
la peur a prolongé mes heures d apprentissages de conduite que j ai pu suppaser et justement j ai eu un sentiment d une augmentation de mon estime de soi.
la peur du chien 🐕 c est encore présente mais en voie de disparition.
La peur cet ami spécial
merci pour ton article
Merciiiii à toi de l’avoir lu et bravo pour ton permis!!🎉
En ce qui concerne la peur du chien, je crois nous sommes très nombreux dans le cas😂