Au moment où je fais le choix d’écrire cet article, je suis submergée de souvenirs. Des souvenirs de ma petite fille qui souvent me répétait : « maman je m’ennuie ». Que de fois j’ai entendu cette phrase!! Que de fois j’ai culpabilisé en entendant cette phrase! Chaque fois que je l’entendais, j’étais tentée d’allumer la télévision et de l’y installer. Je crois d’ailleurs que c’était son objectif, cette petite!! Je réussissais à résister parce que j’avais la conviction que l’écran n’était pas la solution. Mais que faire alors ? Je la ramenais aux quelques jouets qu’elle avait et aux livres en sa possession. Et là, cette réponse revenait inévitablement : « Mama, j’ai déjà fait tout ça » ! Que faire alors ? Acheter de nouveaux jouets ? Toutes ces questions m’ont occupé l’esprit durant de long mois et j’imagine que c’est le cas de nombreux autres parents.

LES ÉCRANS POUR PALIER À L’ENNUI

L’ennui est l’une des raisons souvent évoquées par les parents pour expliquer la présence des enfants devant les écrans. Nous vivons dans une ère en mouvement perpétuel. Chaque jour au réveil, il y a un fait  nouveau. On quitte celui de la veille pour aller au fait suivant. Il faut que ça change, que ça bouge tout le temps sinon on s’ennuie. Nos enfants, qui absorbent nos énergies et comportements, sont également dans cette urgence perpétuelle de nouveautés, de changements, de mouvements. Par conséquent, aussitôt les stimulations extérieures arrêtées, ils s’ennuient également.

Généralement, nous avons une perception négative de l’ennui, alors qu’en réalité l’ennui est essentiel au développement de nos enfants. De nombreuses recherches ont montré une corrélation positive entre l’ennui et la créativité. L’ennui donne de l’espace aux enfants pour prendre le temps de mieux observer leur environnement et de faire corps avec celui-ci. Il est important de rappeler que ce jeune cerveau en construction ne s’arrête presque jamais de travailler, même quand ils sont endormis.

LES AVANTAGES DE L’ENNUI

Il est temps pour nous parents d’arrêter de culpabiliser parce que notre enfant s’ennuie. Au contraire, autorisons à ce dernier de s’ennuyer de temps en temps parce que cela contribuera grandement à stimuler sa créativité. L’ennui permet également à l’enfant de gagner en autonomie, en apprenant à jouer tout seul. Il développera sa confiance en soi, parce qu’il aura l’occasion de trouver tout seul, des solutions à de petits problèmes de son quotidien.

Laisser son enfant s’ennuyer c’est lui offrir une opportunité inestimable d’être à l’écoute du monde intérieur, d’être à l’écoute de ses envies et de pouvoir voyager dans son imaginaire. Il y a deux jours ma petite princesse, qui n’est plus si petite, est venue me présenter le robot qu’elle avait fabriqué avec une corde, un stylo, des boîtes et que sais-je d’autres… Je vous rassure ce robot n’avait pas de sens, mais c’était le sien et elle en était si fière.

LA SOLITUDE PLUS DANGEREUSE QUE L’ENNUI

Il faut dire que mettre un enfant devant les écrans pour l’empêcher de s’ennuyer n’est qu’une compresse posée sur une plaie. Parce que la blessure, elle,  demeure et reste douloureuse. Un enfant assis des heures tout seul devant un écran ne pourra se défaire d’un sentiment de solitude. La solitude est bien plus dangereuse, car, comme expliqué dans notre article de la semaine dernière, notre besoin d’être en interaction avec les autres est un besoin fondamental. Une étude récente du Massachusetts Institute of Technology – MIT a montré que les zones du cerveau qui s’activent quand nous avons faim sont les mêmes qui s’activent quand nous ressentons de l’ennui lié à la privation du contact social. Ce qui montre une nouvelle fois que la communication, l’échange et le partage avec d’autres êtres humains ne sauraient se substituer aux écrans.

Cette découverte pourrait d’ailleurs expliquer pourquoi de nombreuses personnes se tournent vers la nourriture quand ils s’ennuient. Cette relation complexe et difficile qu’ils auraient avec l’ennui expliquerait leur propension à vouloir absolument exclure l’ennui du quotidien de leurs enfants. Malgré notre devoir de protéger nos enfants, nous devons nous souvenir que l’enfant est un être à part entière qui doit, certaines fois, faire ses propres expériences pour apprendre et aller à la découverte de la personne incroyable qu’il est destiné à devenir.

ENCOURAGER SON ENFANT À JOUER SEUL POUR SE DÉFAIRE DE L’ENNUI

Comme vous, je suis une maman et je sais qu’on a parfois besoin d’un petit moment pour souffler, ce qui peut être compliqué lorsque ce petit être traîne dans nos pattes toute la journée ne sachant quoi faire. Apprendre à l’enfant à s’occuper tout seul est un excellent moyen de le défaire de l’ennui. Comment ça marche ?

  1. Commencez déjà par diminuer le nombre de jouets à sa disponibilité et ne laissez que le strict minimum qui est adapté à son âge et ses goûts. Mettre trop de jouets à disposition aura juste l’effet inverse. L’embarras du choix, va rendre le choix difficile, voire impossible.
  2. Jouez quelques minutes avec lui avant de vous éloigner. Pour un début, il est conseillé de rester autant que possible dans le champ de vision de l’enfant.
  3. Faites confiance à votre enfant et expliquez-lui qu’il devra jouer seul quelques minutes. Si possible, mettez-lui un timer pour lui donner aussi le sentiment de contrôler la situation.
  4. Faites-lui des suggestions de jeu. Le coloriage est une activité que les enfants adorent. Vous pouvez télécharger nos livres de coloriages gratuitement ici.
  5. Passez du temps de qualité avec votre enfant. Oui, cela a l’air contradictoire mais les moments d’intimités et d’affection avec votre enfant vont lui permettre de se sentir aimé et apprécié et par conséquent cela va booster sa confiance en soi.

Autoriser nos enfants à s’ennuyer c’est leur donner l’opportunité de se découvrir, ne les en privons plus !

2 réflexions sur “L’ENNUI, CET ALLIÉ MÉCONNU !”

  1. Gisèle Moutcheu

    Merci pour ces informations détaillées.
    Vos explications me font comprendre que ce sont des réalités auxquelles nous faisons face et des problèmes que nous résolvons comme vous le proposez, mais sans réellement en avoir conscience.
    Bref ,je le fais de façon empirique.
    Encore merci.

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