Vendredi dernier comme tous les vendredis depuis de nombreuses années, je suis rentrée épuisée. Après avoir bravé les embouteillages de Douala, je suis enfin à la maison. Mes pieds ont du mal à monter les marches de l’escalier, ma tête est lourde et mon corps ne demande qu’à se laisser choir dans un lit douillet. Mais ce n’est pas possible. Ça je le sais, mais qui a dit qu’on n’avait pas le droit de rêver !

Ce n’est pas possible parce qu’à l’intérieur dans cette maison, de laquelle s’échappe une lumière au reflet d’un coucher de soleil, commence mon vrai boulot. Celui qui a la plus grande valeur pour moi. Mes bébés m’attendent derrière ces murs, les uns avec beaucoup d’impatience, les autres tout autant, bien qu’ils se donnent un mal fou pour le cacher. Ah les ados! Que serait notre vie sans cette avalanche d’émotions fortes que nous apportent nos chers ados !?

YAYATO MAMA

Alors comme je m’y attendais, ma princesse E. m’accueille avec une joie inégalable, elle a les yeux qui brillent. Et je me dis : « Hum ! cette petite a quelque chose à me dire », je ne m’y trompe pas. Elle est très fière, elle a atteint l’objectif qu’elle s’était fixé, elle est la 1ère de sa classe. Quelle bonne nouvelle pour elle. Je suis fière. Je suis surtout heureuse pour elle, c’est un riche entrainement pour ce jeune cerveau : se fixer des objectifs, mettre des actions en place, rester discipliner et à la clé, la réussite !

Derrière elle, son petit-frère court aussi vite que ses petites jambes peuvent le lui permettre, il m’embrasse et crie : « yayato mama ! ». Oh mon Dieu ! Mais que serait une maman camerounaise sans ce fameux « Yayato !!! » ?. D’ailleurs d’où vient-il, ce mot ? Je ne me suis jamais posé la question. Si vous le savez, n’hésitez pas à me le dire en commentaire SVP, je serai ravie de connaître son origine.

L’ADOLESCENCE, NOTRE MEILLEUR ENNEMIE

Quand enfin, mes deux amis me libèrent de leur étreinte, j’aperçois la grande-sœur qui a la tête dans l’assiette en face d’elle. Instinctivement je sais qu’il y a quelque chose qui cloche. Son langage corporel est perceptible à des kilomètres. Mais c’est vendredi soir, je suis épuisée et j’ai surtout envie de passer une belle soirée en famille. Alors je dis joyeusement « bonsoir », la réponse tarde mais arrive quand même : « bonsoir ». Oh là ! il est farouche ce « bonsoir ». Il revêt la carpe de protection que mon bébé porte si souvent… Vous connaissez cette fameuse carpe ? Celle qu’adorent porter nos ados quand ils sont en colère et frustrés, mais surtout lorsqu’ils ne veulent pas laisser transparaître leur vulnérabilité. Vous la connaissez et je sais que vous l’avez également portée, cette carpe. D’ailleurs vous avez encore aujourd’hui du mal à vous en débarrasser.

L’adolescence est connue pour être une phase compliquée pour la relation parent-enfant. C’est surtout une étape qui peut être extrêmement difficile pour nos ados. Entre le flux hormonal, la structuration cérébrale et l’environnement, l’explosion de colère et les saute-d’humeurs ne sont jamais loin. L’adolescence est une phase de transition extrêmement importante avec des conséquences directes sur l’adulte en devenir. Le jeune adolescent mène un combat intérieur constant pour essayer de comprendre qui il est, quelle est son identité et surtout quelle place peut-il occuper dans cette société en mouvement constant. Très souvent, nous les adultes, ne leur facilitons pas la tâche parce que nous avons oublié. Nous avons mené les mêmes combats, mais en sommes parfois sortis en y laissant quelques plumes.

LES DÉFIS DE LA COMMUNICATION NON-VERBALE

Comme je disais, c’est vendredi soir, je n’ai aucune envie de discuter et encore moins de me disputer. Alors je décide que la communication non-verbale sera mon arme ce soir. S’il y a une chose qui met les membres de cette famille toujours d’accord, c’est la musique, ce qui implique nécessairement la danse !

Je me dirige vers la télécommande, j’allume la TV, direction Youtube. Depuis un moment mon bébé M. écoute beaucoup la jeune artiste nigériane Arya Starr. Alors je recherche cette artiste sur Youtube et sélectionne une des chansons que je les entends souvent mimer. Et là, je me fais prendre un coup comme je ne m’y attendais pas ! Alors pas du tout ! Dès que les premières notes de musique s’élèvent, mon ado préféré M. se lève lentement, nous abandonne là et va dans sa chambre. Elle a un livre que je viens de lui offrir et qu’elle aime bien. Alors je sais que si cette jeune demoiselle se replonge dans son livre, on ne la reverra plus ce soir. Mais ce n’est pas ce que je veux. Ce que je veux c’est passer une soirée agréable avec tout ce petit monde à faire les fous comme nous savons si bien le faire.

Je n’insiste pas et je n’ai pas non plus l’intention de lui demander ce qui ne va pas. Je veux juste profiter de la soirée. Alors son petit-frère, sa petite sœur et moi nous déhanchons sur la piste, c’est-à-dire dans notre salle de séjour. Nous enchaînons quelques tubes du moment dans une ambiance à faire pâlir d’envie les abonnés des boîtes de nuit les plus branchées de Douala ! Et malgré tout, RIEN ! Bébé M. reste résolument enfermée dans sa chambre.

Mais comme je n’ai pas l’intention d’abandonner, alors je sors ma carte maîtresse, la carte ultime. Si cette carte ne réussit pas à apprivoiser cette jeune lionne qui est dans son lit un livre dans la main, alors cela signifiera que le problème est vraiment sérieux et que je devrais finalement avoir cette conversation que je me refuse à avoir.

Cette carte secrète n’est nulle autre que : LA QUENN BEY !

La suite de l’affaire?… Dans une semaine 😉.

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