Récemment, lors d’un débat passionné, l’un des intervenants laissait entendre que pendant les jeux de séduction, les filles au Cameroun disent toutes NON en général, jusqu’au moment de la pénétration où elles finissent par se laisser faire. Nous avons été deux à rappeler à ce monsieur qu’il s’agissait là d’un viol. Malheureusement, ils sont nombreux dans notre société à penser comme lui. Et comme le comportement des jeunes est généralement le reflet de celui de leurs parents, dans cette phase délicate et critique de la puberté de nombreux jeunes ont la même conception de la notion de consentement.

La question du consentement sexuel est centrale dans les discussions sur les relations et la sexualité, et il est essentiel de se pencher sur la perception qu’ont les jeunes de cette notion. Entre l’influence des médias, l’éducation reçue, et les idées véhiculées par leur environnement social, leur compréhension du consentement peut varier grandement.

COMPRENDRE LA NOTION DE CONSENTEMENT

Le consentement est un accord volontaire, éclairé et enthousiaste entre deux ou plusieurs personnes pour une activité, qu’elle soit sexuelle ou non. En d’autres termes, il s’agit d’un « OUI » clair et explicite, donné sans pression, manipulation ou obligation. Le consentement est réciproque et doit être donné à chaque étape d’une interaction.

La notion de consentement est essentielle dans toutes les relations humaines, qu’elles soient amicales, familiales, professionnelles ou amoureuses. Dans le cadre des relations intimes, le consentement prend une dimension particulière car il touche aux notions d’autonomie, de respect, et de réciprocité. Pourtant, le concept de consentement est souvent mal compris ou mal interprété, d’où l’importance de clarifier ce qu’il implique.

Le consentement est :

  • Libre : donné sans pression,contrainte ou intimidation.
  • Éclairé : chacun comprend ce pourquoi il donne son accord.
  • Révocable : le consentement peut être retiré à tout moment, et cela doit être respecté.
  • Explicite : exprimé de manière claire et sans ambiguïté, idéalement par des mots ou des actions claires.

Ce que le Consentement n’Est Pas:

Il est important de distinguer le consentement de situations où il est seulement présumé ou manipulé. Le consentement n’est pas :

  • L’absence de refus : Ne pas dire « non » ne signifie pas dire « oui ».
  • La réponse à une pression : Un accord obtenu par insistance, chantage émotionnel ou peur n’est pas un vrai consentement.
  • Une réponse passive : Un consentement authentique nécessite l’engagement volontaire et actif de chaque personne.

Le consentement est essentiel car il préserve l’intégrité émotionnelle et physique de toutes les parties impliquées. Et surtout il permet d’éviter tout malentendu et par conséquent les abus et blessures émotionnelles.

Apprendre à reconnaître, respecter et obtenir le consentement est fondamental pour des relations saines et épanouissantes. Pour encourager la culture du consentement, il est important de :

  • En parler ouvertement : Normaliser les discussions sur le consentement pour dissiper les tabous autour du sujet.
  • Éduquer dès le jeune âge : Introduire les notions de respect et de consentement dans l’éducation des enfants et des adolescents.
  • Valoriser l’affirmation de soi : Encourager chacun à exprimer ses limites et à respecter celles des autres.

L’IMPORTANCE DE L’ÉDUCATION ET DE L’ENCADREMENT

Je suis maman de 3 filles que j’éduque dans une société qui a normalisé et vulgarisé la « femme-objet» ! Ayant moi-même grandi dans cet environnement et observé toutes les dérives liées à la notion de consentement dans le milieu des jeunes, il est essentiel pour moi de m’assurer à chaque étape de la connaissance et de la compréhension de mes filles sur le sujet.

Dans notre société, l’éducation sexuelle se concentre souvent davantage sur la biologie et la prévention des risques (IST et grossesse) que sur l’aspect relationnel et éthique des relations sexuelles. Une éducation complète doit inclure des discussions sur le respect, l’autonomie, et la capacité de dire « non » sans crainte de jugement.

L’éducation doit inclure :

1. La notion de respect mutuel

Le respect mutuel signifie que chaque personne dans une relation considère l’autre comme un individu avec des droits, des désirs et des limites propres. Cela va au-delà de la simple politesse ou gentillesse : il s’agit d’une reconnaissance profonde de l’autonomie et de la valeur de l’autre.

Il est important de rappeler aux enfants et ceci dès le plus jeune âge, qu’ils doivent :

  • Être attentif aux désirs et aux besoins de l’autre sans juger ni minimiser ce que l’autre ressent.
  • Respecter les limites exprimées et comprendre que ces limites peuvent évoluer.
  • Ne pas essayer de manipuler ou de faire pression pour obtenir ce qu’ils veulent.

L’éducation au respect mutuel dès le plus jeune âge joue un rôle clé dans la prévention des comportements inappropriés. Les jeunes doivent comprendre qu’une relation saine repose sur la réciprocité et le consentement, non seulement dans les actes physiques mais aussi dans l’échange d’émotions et d’idées. La ligne est très vite franchie chez les ados. Cela commence parfois par des blagues douteuses sur l’apparence physique, blagues à laquelle l’autre en face à l’impression qu’il doit nécessairement rire, afin de ne pas « casser l’ambiance ». Cela continue avec le frôlement des seins et des fesses l’air de rien : « Oops ! Je ne l’ai pas fait exprès ! », et tout le monde éclate de rire, la jeune fille concernée, malgré son malaise, doit aussi en rire. Et ça se termine souvent par un pénis qui pénètre l’air de rien, et là aussi il faut garder son malaise pour soi et afficher son plus beau sourire de circonstance.

3 étapes pour encourager le respect mutuel chez les jeunes :

  • Enseigner l’importance d’être à l’écoute réelle de l’autre et de faire preuve d’empathie dans les interactions.
  • Valoriser l’affirmation de soi chez nos ados et l’acceptation de l’autre pour cultiver un climat de respect.
  • Expliquer que le respect mutuel implique des échanges honnêtes où chacun peut dire ce qu’il ressent et poser des limites claires.

2. L’Affirmation de Soi

L’affirmation de soi est un équilibre entre la confiance en soi et le respect de l’autre. Elle implique de dire ce que l’on pense ou ressent de manière directe et honnête, sans agressivité ni passivité. Une personne affirmée sait exprimer un refus sans se sentir coupable et peut demander ce dont elle a besoin sans crainte de paraître égoïste.

Pour s’assurer que cette affirmation de soi est saine, elle doit inclure :

  • Clarté et honnêteté : Exprimer ses besoins et limites de manière directe et respectueuse.
  • Respect de soi et de l’autre : Communiquer sans manipulation, tout en respectant l’espace et le point de vue de l’autre.
  • Responsabilisation : Assumer ses décisions, ses actions et ses paroles en comprenant qu’elles influencent ses relations.

L’affirmation de soi n’est pas toujours naturelle, surtout pour les jeunes, qui peuvent ressentir la pression sociale ou l’influence du groupe. Je me souviens de ce jour lumineux où ma grande fille qui avait 15 ans me racontait avec assurance comment elle était une personne très respectée et appréciée de ses camarades. Mais ça n’avait pas toujours été ainsi.

Six mois auparavant, nous avons régulièrement eu des conversations dans lesquelles je leur rappelais l’importance pour elles de s’affirmer et se faire respecter. En prenant des exemples sur ma propre expérience, je rappelais à mes filles l’importance pour elles de ne pas rire de blagues qui les mettaient mal à l’aise ou qu’elles trouvaient déplacées. Je leur rappelais combien il était essentiel qu’elles fassent directement comprendre à leurs camarades qu’elles n’avaient pas apprécié et que cela ne devait pas se reproduire et surtout, il fallait qu’elles restent fermes en s’exprimant. Je leur rappelais l’importance pour elles de se respecter soi-même et de respecter les autres, parce qu’elles ne pouvaient obtenir des autres ce qu’elles ne pouvaient se donner à elles-mêmes ou aux autres.

Ce jour-là, le sourire aux lèvres et les yeux brillants, ma princesse me dit : « Mama, ce que tu m’expliques là, je l’applique et ça marche hein… Tout le monde me respecte. » A cet instant précis, j’étais une maman très fière.

L’affirmation de soi est une compétence qui peut être développée à travers l’éducation et la pratique. Avec vos enfants, vous pouvez par exemple :

  • Pratiquer des jeux de rôle : Les exercices de simulation aident les jeunes à s’entraîner à dire « non » ou à exprimer un besoin dans un cadre sécurisé.
  • Favoriser l’expression des émotions : En discutant de leurs émotions, les jeunes peuvent apprendre à les nommer et à les exprimer de manière claire et saine.
  • Renforcer l’estime de soi : Se connaître et connaître sa valeur est cruciale pour s’affirmer. Encourager les jeunes dans leurs réalisations les aide à reconnaître leur valeur et à défendre leurs droits.
  •  Encourager les échanges ouverts : Dans cette société moderne, le modèle de nos parents ne fonctionne plus. Aujourd’hui les parents et éducateurs doivent inciter les jeunes à exprimer leurs opinions et leur ressenti dans un environnement respectueux et sans jugement.

L’affirmation de soi est une compétence précieuse qui soutient le consentement, le respect des limites, et l’équilibre des relations. En encourageant les jeunes à développer cette capacité, nous leur donnons les moyens de se défendre, d’établir des relations saines et de naviguer dans des situations de manière respectueuse et assurée.

Conclusion

La perception du consentement sexuel chez les jeunes est influencée par de nombreux facteurs, allant de l’éducation reçue aux messages véhiculés par la culture populaire. Les jeunes peuvent également se retrouver sous la pression sociale, influencés par leurs amis ou par un désir de se conformer aux attentes de leur groupe. La peur du rejet ou de l’isolement pousse parfois certains à accepter des situations inconfortables, même contre leur gré. Les parents, les éducateurs, et les associations peuvent jouer un rôle clé en abordant ces questions de manière bienveillante et sans jugement.

Quelques pistes pour encourager le dialogue :

  • Organiser des ateliers sur les relations saines en milieu scolaire.
  • Créer des espaces de discussion ouverts dans les familles pour aborder des sujets délicats sans tabou.
  • Sensibiliser via les réseaux sociaux, un média auquel les jeunes sont particulièrement réceptifs, avec des campagnes informatives et engageantes.

Il est essentiel de sensibiliser, d’éduquer et de créer des espaces de dialogue pour les aider à comprendre l’importance du consentement et à intégrer cette notion dans leurs relations. En investissant dans une éducation claire et positive, nous contribuons à bâtir une génération plus respectueuse, consciente, et empathique dans ses interactions.

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