Comme c’est souvent le cas depuis plusieurs années, la toile s’est de nouveau enflammée cette semaine. L’affaire Balthazar se trouve sur toutes les lèvres. Ses disciples autoproclamés se comptent par millions. Tous nourrissent le rêve ultime d’être dans sa peau !

Toute une génération d’hommes éduqués à coup de films pornographiques et de fantasmes divers.

Toute une génération, qui pendant longtemps avait pour héros, Rocco Siffredi, le célèbre acteur de films pornographiques des années 90.  

Toute une génération qui aujourd’hui encore ne réalise pas l’impact psychologique qu’a pu avoir la surexposition à cette représentation malsaine de ce à quoi devrait ressembler un rapport sexuel.

La surexposition des jeunes aux films pornographiques constitue une problématique préoccupante qui interpelle les parents, les éducateurs et les professionnels de la santé. Alors que les contenus pour adultes sont de plus en plus facilement accessibles en ligne, de nombreux adolescents sont exposés, parfois involontairement, à ces vidéos, souvent sans la maturité nécessaire pour comprendre ou relativiser ce qu’ils visionnent.

Cette semaine je me suis demandé à chaque fois, si les parents qui demandaient frénétiquement à recevoir le lien des vidéos sensationnelles de #Baltazar se donnaient la peine de s’assurer que cela ne tombait pas entre les mains de leurs enfants.

Effets sur la perception de la sexualité

L’une des conséquences majeures de la surexposition des jeunes à la pornographie est une perception déformée de la sexualité. En effet, la pornographie met souvent en scène des pratiques éloignées de la réalité, idéalisées, voire violentes, qui donnent une image peu fidèle des relations intimes. Cela peut engendrer chez les jeunes des attentes irréalistes sur les relations sexuelles et une conception erronée de ce que devrait être une relation saine et équilibrée. On se retrouve ainsi avec une génération de jeunes qui naviguent vers une course effrénée aux sensations fortes et à la recherche d’exploits qui les éloignent de l’essence de ce que devrait être un rapport sexuel.

Le sexe va bien au-delà de la satisfaction physique ou de l’intimité émotionnelle. Il s’agit d’une expérience spirituelle profonde, une connexion qui transcende le corps et l’esprit. Dans cet espace d’ouverture, l’union des corps et des esprits crée une connexion qui dépasse les mots. Ce moment de vulnérabilité et de lâcher-prise total permet de sentir l’autre au plus profond de son essence. Dans de nombreuses cultures spirituelles, cette expérience de fusion est considérée comme sacrée et vise à transcender l’individualité pour entrer dans une forme de communion.

En tant qu’éducateurs, aujourd’hui il est de notre devoir de revenir à la source et d’enseigner à nos jeunes enfants ce qu’est un rapport sexuel et pourquoi il est essentiel de se préserver pour ce moment. Le discours qui nous a été servi à la sauce camerounaise ne tient plus. Il ne s’agit pas simplement de dire à l’enfant, c’est mauvais ! Tu vas prendre la grossesse et j’en passe. Il s’agit d’impliquer l’enfant dans son éducation et la construction de son histoire personnelle.

Risque d’hypersexualisation

Les jeunes surexposés à la pornographie risquent de développer une vision hypersexualisée des relations humaines, qui peut influencer leur propre comportement et leur manière de se percevoir. L’hypersexualisation peut se manifester par une attention excessive à l’apparence physique, une quête de perfection corporelle, ou encore des comportements précoces en matière de séduction ou de sexualité.

Cette semaine j’ai entendu de nombreux hommes dire à quel point Balthazar est bien membré ! Dans leur intonation était perçue toute leur admiration et leur regret de ne pas avoir la même taille. La boucle a été bouclée pour moi, quand assise dans le bureau d’un médecin qui me consultait, ce dernier à eu la brillante idée de faire des blagues sur Balthazar tout en déclarant être un disciple de ce dernier. L’admiration était également dirigée à l’endroit de sa force et de sa forme physique.

J’ai discuté il y a quelques mois avec un jeune garçon de 10 ans, qui m’a dit la tête baissée qu’il était insignifiant et inintéressant simplement parce qu’il ne se trouvait physiquement pas assez fort, pas assez athlétique et encore moins beau. En regardant cet enfant, je lisais une telle souffrance dans ses yeux. Cette quête de perfection corporelle, auxquels les enfants sont exposés à travers différents média et pas seulement dans les films pornographiques, peut avoir un impact négatif sur leur estime de soi. Les jeunes peuvent se sentir inadaptés ou inadéquats en comparant leur propre physique ou leur vie amoureuse à ce qui est présenté dans les vidéos, ce qui est souvent irréaliste et éloigné de la réalité.

Impact sur les relations interpersonnelles

La surexposition à la pornographie peut également affecter la manière dont les jeunes interagissent avec les autres. Elle peut favoriser l’objectivation de l’autre et altérer la capacité à nouer des relations authentiques et équilibrées. En assimilant des comportements inspirés de la pornographie dans leurs propres relations, certains jeunes peuvent adopter des attitudes inappropriées ou irrespectueuses, entraînant ainsi des conflits et des incompréhensions dans leurs relations amicales ou amoureuses.

En effet, la majorité des films pornographiques présente les femmes comme des objets et normalise la violence et l’indifférence dans les rapports sexuels. Les relations montrées dans les vidéos pour adultes manquent souvent de connexion émotionnelle, de respect mutuel et d’empathie, éléments pourtant essentiels à des relations saines. Les jeunes exposés à ces contenus risquent de percevoir la sexualité comme un acte déconnecté de l’intimité émotionnelle, ce qui peut compliquer leur capacité à établir des relations profondes et significatives.

Il est essentiel, pour nous parents, de guérir de notre éducation à la performance sexuelle et se tourner vers la sexualité consciente. C’est-à-dire rediriger le focus sur l’énergie vitale qui circule dans le corps pendant l’acte. Plutôt que de chercher à atteindre un objectif ou une performance, cette approche invite à ralentir, à observer les sensations et à prendre conscience de chaque moment. À travers cette attention consciente, la sexualité devient un moyen de s’éveiller à soi-même, d’observer ses émotions, ses peurs, et ses désirs profonds. Cette exploration intérieure permet de mieux comprendre la dualité présente en chacun de nous et peut conduire à un état d’équilibre et d’harmonie, non seulement entre les partenaires, mais aussi en soi.

Cette conscience accrue et acquise peut être déterminante sur la transmission faite à nos enfants que ce soit à travers les actes que nous posons au quotidien ou encore les discours que nous tiendrons.

Conclusion

Face aux conséquences alarmantes de la surexposition à la pornographie chez les jeunes, il devient essentiel d’encourager une éducation à la sexualité dès le plus jeune âge, à la fois à la maison et à l’école. Cette éducation doit promouvoir une vision saine et équilibrée de la sexualité, axée sur le respect de soi et de l’autre, la compréhension de ses propres limites et l’importance du consentement.

Les parents, les enseignants et les professionnels de la santé jouent un rôle central dans la prévention et l’accompagnement des jeunes. Ils doivent aborder ces questions avec bienveillance, en leur fournissant des informations adaptées à leur âge et en les aidant à construire une vision réaliste et respectueuse de la sexualité et des relations humaines. Cette approche permettra aux jeunes de développer des bases solides pour leur épanouissement personnel et relationnel, à l’abri des effets négatifs d’une surexposition à des contenus inadaptés.

Redécouvrir la dimension spirituelle de la sexualité demande une approche consciente et ouverte. Il ne s’agit pas seulement d’une question de plaisir ou d’attraction, mais d’un voyage vers soi et vers l’autre. En cultivant cette conscience, nous pouvons transformer la sexualité en un acte sacré, qui nous aide à grandir spirituellement et à mieux accompagner nos enfants.

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